Le livre


Les titres des nouvelles de Nathalie Burel sont empruntés aux Notes de Chevet de Sei Shônagon :

• Choses qui, décrites ou peintes, sont moins jolies que dans la réalité • Choses auxquelles on ne peut guère se fier • Choses impatientantes • Choses qui distraient dans les moments d'ennui • Choses que l'on ne peut comparer • Choses qui ne sont bonnes à rien • Choses sans retenue • Choses qui paraissent pitoyables • Choses sans valeur • Choses que les gens ignorent le plus fréquemment • Choses dont le nom est effrayant • Choses qui doivent être courtes • Choses sans retenue • Choses qui sont éloignées, bien que proches • Choses qui ne s'accordent pas • Choses qui font honte • Choses négligées • Choses sans retenue • Choses particulières • Choses à voir • Choses tumultueuses • Choses qui sont loin du terme • Choses auxquelles on ne peut s'abandonner • Choses inhabituelles qui causent une impression étrange  • Choses excessivement effrayantes • Choses qui laissent une impression de pauvreté • Choses qui semblent éveiller la mélancolie • Choses qui sont proches, bien qu'éloignées • Choses qui semblent éveiller la mélancolie • Choses qui sont à propos dans une maison • Choses que l'on ne peut comparer • Choses négligées • Choses peu rassurantes • Choses désagréables à voir • Choses très malpropres • Choses inhabituelles qui causent une impression étrange

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CHOSES QUI DÉCRITES OU PEINTES SONT MOINS JOLIES QUE DANS LA RÉALITÉ

-Ta mère est un animal. Tu sais, pas comme, pas au sens, comme là où je vois bien qu’encore une fois tu vas mal prendre ce que je dis. Je pense à ta mère et un animal mais dans la réaction. Je ne pense pas à un animal en particulier auquel elle ressemblerait. Évidemment, il ne s’agit pas de ça. Je veux dire : un comportement animal. Là encore je vois que tu t’offusques mais tu as tort. Je ne dis pas que ta mère bouffe comme un animal. Je parle de réaction animale. Au sens où l’humain est un animal. Un mammifère. Enfin un animal. Comme on dit avoir des pulsions animales. Non pas que je pense ça de ta mère. Je n’imagine pas ta mère emportée par une pulsion bestiale. Simplement quand je pense à ta mère, je vois un lapin pris dans un piège qui ronge sa patte coincée dans l’étau dentelé pour s’enfuir.

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CHOSES SANS RETENUE

- Nous arriverons vers 19 heures, Jeffrey Epstein et moi. À tout à l’heure Jeanine.
- Tu es malade !
- Il faut bien que le monde entier sache. Tu n’as pas remarqué ? Ça fait un moment que les salauds dans ton genre ne vivent plus cachés en toute impunité.
- Tu viens de m’appeler Jeffrey Epstein en parlant à ma mère.
- Elle aussi a le droit de savoir.
- J’ai couché avec mon assistante de 27 ans. Je comprends que je t’aie blessée. Mais je ne suis pas pédophile et nos histoires de couple ne regardent pas ma mère.
- Tu as raison. C’est avec Harvey Weinstein que j’aurais dû dire que je venais. À ta pauvre mère.

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CHOSES QUI SONT À PROPOS DANS UNE MAISON

- Inspecteur Blanche ?
- M’appelle pas comme ça.
- C’est ce que tu es pourtant. C’est même tout ce que tu es.
- Je suis capitaine. Le capitaine Blanche. C’est comme ça qu’on m’appelle. Depuis 20 ans.
- Qu’est-ce que j’en ai foutre ? Tu veux me dire ce que ça change ?
- Ce serait un peu long et fastidieux à t’expliquer et si tu n’as pas pris la peine de t’en rendre compte depuis vingt ans je doute que les aboutissants de cette réforme t’intéressent le moins du monde.
- Tu te fous de ma gueule ?
- Une réforme de Claude Guéant si je me souviens bien. Toi qui le détestes tant, cela aurait pu être une occasion d’être solidaires.
- Je vais sortir de cette pièce sans claquer la porte. Tu vas retourner à ton travail et je vais me charger de tout ce que tu ne gères pas. Nettoyer ce que le capitaine dégueulasse, préparer la bouffe du capitaine Blanche. Et si tu me demandes mon avis, capitaine Blanche, c’est tout simplement grotesque comme nom.

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CHOSES DESAGREABLES À VOIR

- Tu ne trouves pas que c’est romantique ? Que l’on se retrouve vingt ans après.
- Non. Tu m’as quitté il y a vingt ans parce que tu trouvais que je n’étais pas assez bien pour toi. Tu m’as recontacté parce que maintenant tu sais que tu ne vaux pas mieux.